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Normand Lester a peur de la CLASSE

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En lisant la dernière chronique de Normand Lester (une critique acerbe du manifeste de la CLASSE), je me suis demandé si, à sa manière, il n’essayait pas de concurrencer Richard Martineau, le champion des raccourcis intellectuels et des comparaisons boiteuses.

Parce que faire un rapprochement entre la CLASSE et Mussolini (donc avec le fascisme), et faire même un détour par Hitler, ça ne tient debout que dans la tête de ceux qui éprouvent une haine démesurée pour tout ce qui tourne autour du personnage de Gabriel Nadeau-Dubois. Et en plus, c’est carrément cliché. Et digne de recevoir un point Godwin.

Si le message de la CLASSE peut moindrement faire penser au message des fascistes et des national-socialistes allemands, il s’agit quand même du message qui prévalait avant qu’ils prennent le pouvoir et se transforment en dictatures. Et, si je ne m’abuse, ce message était très nationaliste, ce que je n’ai pas vraiment senti dans le manifeste de la CLASSE. Mais le point principal qui fait que l’interprétation de Lester est bancale, c’est que la CLASSE n’est pas un parti politique qui va se présenter aux prochaines élections, point. N’importe quel mouvement peut faire un manifeste, ce n’est que parce que la CLASSE est centrale dans le débat qui fait rage depuis février dernier que son manifeste prend plus d’importance au niveau médiatique.

Sinon, j’aimerais bien que le monsieur m’explique comment la CLASSE aurait pu exprimer son message de gauche sans pointer des concepts et des thèmes chers à la gauche. Le langage étant ce qu’il est, il est plutôt difficile de parler de quelque chose sans le nommer. Si la démocratie directe est importante pour la CLASSE, aurait-elle due s’abstenir d’en parler ouvertement parce que le « fasciste Jacques Doriot (issu du parti communiste) et le Parti populaire français de l’entre-deux-guerres auraient pu faire la [même] déclaration »? Aussi, aurait-il fallu que la CLASSE s’abstienne de parler d’« avenir » et du « Peuple » parce que « Mussolini et ses partisans, qui venaient du parti socialiste italien, [le] chantaient »? L’Histoire aurait-elle à ce point un espèce de brevet sur le sens et le droit d’utiliser certains termes et expressions, et le pouvoir d’empêcher moralement de réactualiser certains idéaux à notre époque?

Certains auront remarqué qu’en fait cette chronique retourne comme un gant l’accusation de fascisme qui a eu cours envers le gouvernement et son projet de loi 78. C’est bien utile pour ceux qui l’ont trouvée gratuite et qui goûtent une sorte de revanche en lisant les mots de Lester. Pourtant, le fascisme est, objectivement, bien plus proche d’un gouvernement qui encourage la répression policière par une loi voulant freiner un mouvement de manifestations citoyennes que d’une association qui parle de démocratie directe et qui scande des slogans rappelant vaguement les mouvements communistes du début du siècle dernier. Le chroniqueur peut bien tripoter l’Histoire comme il veut, ce qu’il nous offre n’est que de la poudre aux yeux. Nous sommes devant la comparaison entre un mouvement en devenir, qui peut tout aussi bien s’étendre ou s’éteindre rapidement, et des actions réelles, de vrais ecchymoses et du vrai sang, ainsi que de la réelle souffrance. On a le choix d’avoir peur d’un hypothétique futur nourrit par la paranoïa ou de s’indigner devant les résultats concrets d’un gouvernement qui a peur de perdre le pouvoir.

Normand Lester a tout à fait le droit à son opinion, comme j’ai le droit de montrer qu’elle est réactionnaire. Pour dire vrai, la chronique du bonhomme n’est qu’un épouvantail pour faire encore plus peur aux petits vieux. Et l’expression « petit vieux » n’est vraiment pas une insulte envers les ainés, mais bien plus une manière de pointer tous ceux, jeunes et moins jeunes, qui ont peur du changement et de ce qui pourrait y participer.

 

(Photo – détail : Asclepias)


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